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A peine plus de cent ans après la première journée des femmes de 1909, le monde a de nombreuses raisons de se réjouir. Pourtant, cet hommage à l'émancipation sociale, politique et économique des femmes a peu de sens pour la plupart des femmes qui, à travers le monde, se battent pour obtenir le droit fondamental à l'éducation, pour accéder aux soins et avoir le minimum de maîtrise sur leur propre vie. Je suis bouleversée par les difficultés qu'elles doivent affronter et qui sont inconcevables pour nous qui avons le privilège de vivre dans un pays comme la France. Cette journée doit être l'occasion pour nous de rappeler que nous ne pouvons pas nous permettre de nous concentrer uniquement sur nos propres problèmes.
La majorité des femmes des pays en développement font face à de terribles difficultés. Chaque année, cinq cent soixante mille femmes continuent de mourir pendant un accouchement, alors que cet événement devrait compter parmi les plus heureux de la vie. Et le sida est la première cause de mortalité des femmes en âge de procréer. Il ne s'agit pas seulement d'une question de santé, mais également d'une question de pouvoir. Des personnes sont infectées par le VIH lorsqu'elles n'ont pas le pouvoir de se protéger. C'est notamment le cas des femmes qui n'ont pas de pouvoir de décision sur leur vie sexuelle, et des enfants qui risquent d'être infectés à leur naissance et sont par conséquent complètement démunis.
Nous avons beaucoup à faire pour redresser ces déséquilibres et le point positif est que les changements nécessaires peuvent se produire rapidement. J'ai eu l'occasion de le constater en m'intéressant particulièrement à la prévention de la transmission du VIH de la mère à l'enfant, au cours de l'année qui vient de s'écouler. En Afrique de l'Ouest, j'ai vu de minuscules structures sanitaires fournir des traitements contre le VIH, améliorant ainsi rapidement les chances pour les femmes de cette région de prendre soin d'elles-mêmes afin de pouvoir aimer et protéger leurs enfants, et ce type de changement commence à avoir lieu partout.
Depuis le début de l'épidémie de sida, la France a été l'un des moteurs de ces changements et nous sommes fiers des personnes et des organisations qui travaillent sans relâche pour améliorer et sauver des vies. En 1983, les professeurs Françoise Barré-Sinoussi et Luc Montagnier ont découvert le virus du sida. Aides, une association de personnes infectées et affectées par le VIH, travaille en partenariat avec des associations africaines pour améliorer l'accès aux soins dans les pays les plus touchés par l'épidémie. Le professeur Michel Kazatchkine, ancien ambassadeur de France chargé de la lutte contre le sida, dirige aujourd'hui le Fonds mondial, qui fait partie des organisations internationales et non-gouvernementales qui se sont engagées, sous l'égide d'Onusida, à éliminer la transmission du VIH de la mère à l'enfant d'ici 2015, un objectif qu'il est désormais possible de mettre en œuvre et d'atteindre.
Il y a seulement dix ans, l'idée même de fournir un traitement antirétroviral aux personnes séropositives dans les pays en développement était considérée comme utopique. Aujourd'hui, dans les pays en développement, 4 millions de personnes reçoivent un traitement commencé pour la plupart au cours des cinq dernières années. S'il est possible de fournir un traitement contre le VIH à des mères dans les zones rurales du Bénin, l'un des pays les plus pauvres de la planète, faire en sorte que tous les enfants naissent sans le VIH d'ici 2015 est un objectif totalement réaliste.
Mais pour atteindre ce nécessaire objectif de justice, nous devons faire vite. A l'échelle de la planète, nous ne parvenons à atteindre que deux personnes sur cinq ayant besoin d'un traitement et seulement 45 % des femmes enceintes séropositives pour prévenir la transmission du VIH à leur enfant. Il se produit encore 1 million de nouvelles infections par le VIH chez les femmes chaque année et plus de quatre cent mille enfants naissent avec le VIH, soit plus de mille enfants chaque jour. Ne s'agit-il pas d'une injustice, alors que la prévention et les traitements pourraient les concerner tous ?
Pour y parvenir, il nous faut reconnaître que la lutte contre la maladie rejoint le combat visant à donner du pouvoir aux femmes. Les femmes sont le cœur de la société : elles gagnent de l'argent, elles prodiguent des soins, elles nourrissent, elles sont le moteur du changement. Notre responsabilité commune est de faire en sorte que, dans les pays en développement, nos sœurs aient également accès aux droits fondamentaux et aux services de base que la plupart d'entre nous ont le luxe de considérer comme acquis. En investissant pour les femmes, nous investissons dans la santé et le développement des familles, des communautés et, au final, des pays tout entiers.
Nous avons toujours voulu éradiquer les fléaux que sont le VIH et la mortalité maternelle, et venir à bout des handicaps sociaux tels que l'absence d'éducation. Aujourd'hui, nous avons les moyens de les vaincre. Et nous y parviendrons si nous touchons suffisamment de femmes.
Carla Bruni-Sarkozy est ambassadrice mondiale du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, pour la protection des mères et des enfants contre le sida.
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